Pour la première fois depuis quelques années IBM Connections n’était pas la star d’IBM Connect. Bien sur il occupait une place centrale dans les esprits, les discussions et les attentions. Mais il s’agit désormais d’un produit mur qui poursuit sa route en se bonifiant d’année en année. Le réseau social n’est plus une nouveauté même si son appropriation productive reste encore un enjeu sur lequel les entreprises continuent de trébucher. Pour la nouveauté il faut donc chercher ailleurs.
Ailleurs c’est au niveau de la gestion des talents, et du coté des données (big data, analytics, informatique cognitive). J’ai déjà évoqué ce que je pense être le virage d’IBM d’une “collaboration company” à une “talent company” et qui s’est traduit par une mise en avant notable des sujets RH et de Kenexa pendant toute la conférence ce qui s’avère fort logique. On ne crée pas une entreprise collaborative sans les talents et la culture adéquate. Si l’appropriation spontanée des plateformes collaborative concerne entre 10 et 20% des collaborateurs, on ne touchera les 80% qui restent qu’en travaillant à la périphérie, sur le contexte du travail. Compétences, talents, engagement etc. Ensuite parce que ce dans ce qu’on appelle l’économie du savoir, travail, apprentissage, développement personnel se mêlent. Le travail devient un lieu d’apprentissage, on apprend en travaillant, les RH agissent par rapport à des faits et situations de travail pour être plus réactives et individualiser leurs programmes. Quant aux données, et même si on ne met pas l’humain en équation, elles permettent de comprendre et élaborer des scénarios en se basant sur des faits.
On a vu, en un an, comment Kenexa a de plus en plus intégré Connections pour “socialiser” le coté employé des process RH, de la même manière qu’on comprend comment Kenexa peut tirer profit de l’analyse de ce qui se passe dans Connections lorsque ce dernier est utilisé pour le travail quotidien. Pour mesurer l’engagement, identifier talents, besoins et potentiel de développement, risques de démissions. D’où la question maintes fois entendue au discours des couloirs : “est-ce que c’est la partie RH qui va prendre le lead sur la collaboration ? L’avaler ?”.
C’est une bonne question mais la réponse ne concerne pas la place de Connections mais son rôle. Je dis Connections mais cela s’applique à terme à tous les outils dits de “réseaux sociaux d’entreprise” ou de “collaboration sociale”. Que fait Kenexa avec Connections ?
Il en utilise les principes et les fonctionnalités au service des process RH. L’objectif est de tirer profit des interactions sociales d’un point de vue opérationnel mais également à fins d’analyses afin de fluidifier l’exécution de ces process voire, le cas échéant, d’en changer la nature. Kenexa n’avale pas Connections mais se sert des services comme moteur pour des dynamiques nouvelles.
Laissons Kenexa de coté et regardons ce que propose Trilog avec Projexec (également ici). C’est exactement la même logique. Ce sont les services du réseau social qui sont mis à profit dans le contexte d’un outil de gestion de projet.
Regardons également la logique de IBM Mail Next.
Ce ne sont que deux exemples mais ils sont emblématiques du futur des plateformes de réseau social. Ils peuvent être, bien évidemment, une destination en soi, notamment pour des logiques d’échanges de savoir, de communautés de pratiques, de réseautage. Ce qui constitue aujourd’hui 75% à minima de leur utilisation mais ne représente que 20% au grand maximum de l’activité des collaborateurs. Les 80% restants prennent place dans des outils spécialisés qui mettront à profit les fonctionnalités du réseau social par le biais, entre autre d’APIs, pour enrichir l’exécution de leurs logiques propres.
On devrait donc davantage parler de moteur social que de réseau social. Il sert à “motoriser” la dimension humaine d’une activité structurée. Il sera parfois utilisé en tant que tel, parfois ce seront ses fonctionnalités que seront appelées dans une application tierce, parfois son utilisation entrainera des actions de l’application tierce.
On se focalise sur Kenexa puisqu’il s’agit d’une IBM Company. Mais selon ses préoccupations de chacun verra le réseau social avalé ou “drivé” par la gestion de projet, le learning, le CRM etc. Voire l’email.
Ou l’on revient à la notion de plateforme sociale et la prédiction selon laquelle les réseaux sociaux d’entreprise auront réussi le jour où tout le monde les utilisera sans même s’en rendre compte.
Quoi qu’il en soit on voit se dessiner là l’avenir de toute plateforme de réseau social d’entreprise qui se respecte. Un moteur qui ne vaudra que par sa capacité à proposer ses services à des applications tierces. On l’avait prédit depuis longtemps mais cette fois-ci on y est. La question aujourd’hui est de fournir une plateforme suffisamment solide, riche et ouverte pour supporter tous ces cas d’usage et éviter de recréer autant de silos qu’il y a de cas, chacun ayant son réseau social.
Car si Kenexa et les analytics ont occupé une place si importante c’est que Connections motorise l’un et fournit des données à l’autre. Il reste donc bien la pierre angulaire de l’ensemble. Mais maintenant que les fondations sont solides il est temps de penser à construire la maison.
Recent Comments