Votre SI va-t-il devenir une plateforme social business

Cela fait bientôt dix ans qu’on nous dit – à juste titre – que le web est devenu une plateforme. Comprenez qu’il n’est pas un outil et une destination en tant que tel mais quasiment une infrastructure permettant de fournir à l’utilisateur un catalogue de services et d’applications. Il est devenu une sorte de système d’exploitation qui fait tourner les outils et services que nous utilisons au quotidien, ces derniers devenant, de plus, de plus plus intéropérables et capables de s’échanger informations et données pour une expérience utilisateur fluide, continue, sans rupture de flux. C’est une des caractéristiques qui permettait en 2004 de qualifier le “web 2.0” par rapport au web des origines.

Les silos applicatifs : des “social-killers”

Alors que la tendance est à la “webisation” des outils d’entreprise, on ne peut pas dire que le SI d’entreprise, lui, soit devenu une plateforme. Silos applicatifs et intéropérabilité limitée sont des freins réels à la “socialisation” du SI. Expérience utilisateur déceptive et incapacité à supporter un “mode de travail unifié” et des process socialisés “end to end”, sans rupture de flux d’information et de travail en sont les conséquences.

C’est avec cette réflexion en tête que je suis tombé sur cette slide qui semble avoir vocation à positionner le discours futur d’IBM en déclinant son offre Social Business non pas en matière d’applications mais de plateforme.

 

socbizplatform

Qu’est ce que cela signifie vraiment ?

Reconnaissons d’abord qu’il s’agit d’un bel outil marketing. Au pire, si ça ne change rien ça rend au moins les choses plus claires. Le temps est loin où “social” se résumait à faire parler les gens dans un réseau social (même si c’est un raccourci qui a été tellement utilisé que le travail de désévangélisation sera long). Qu’il s’agisse de la capture, du traitement, et plus globalement du cycle de vie de l’information cela met en cause un certain nombre d’outils. Malheureusement ce qui est à peu près clair pour les spécialistes ne l’est pas nécessairement pour le client, qu’il soit métier ou même parfois IT.

Un joli schéma donc qui a le mérite de distinguer les 4 piliers d’une plateforme sociale business (réseautage, analytics, gestion des contenus et intégration) et de les mettre en perspective des deux grands axes projet qui sont “force de travail plus intelligente ” (…l’anglicisme rend tout de même mieux) qui comprend la dimension “cycle de vie du talent” (voir Kenexa…) et collaboration d’un coté et expérience client de l’autre.

A titre personnel j’aurais bien mis une double flèche entre smarter workforce et customer expérience car, mais ça n’est que mon avis, la valeur se crée justement dans une boucle qui passe de l’un à l’autre dans une logique de développement conjoint, quasi partenariat et synegies.

Donc le message est : en utilisant conjointement tout ou partie de ces services (voire en les couplant avec des services tiers car il manque ici la référence à l’embedded experience dont on parlera dans un prochain biller), vous êtes en mesure de…

La fin de la pensée “application”, le début de la vision “service”.

Cela décrit finalement quelque chose de très conforme à la réalité : à l’heure du social business ça n’est pas que la logique de travail qu’il faut transformer mais l’infrastructure qui la supporte et, dans ce processus, l’application isolée perd sa valeur, elle ne devient qu’un service qui, utilisé seul ou conjointement avec d’autres,  supporte un cas d’usage. Avec un message subliminal qui, je l’espère, sera compris par le client : acheter une application n’est plus pertinent. Il faudra partir d’une logique d’usage et, ensuite, penser intégration de services. On est loin du “plug and play” qui a, à l’origine, été à la base du discours des pure players du secteur mais on se rapproche davantage de la vraie de l’entreprise.

En plus, lorsqu’on connait la richesse du catalogue “Big Blue”, cela permet également de clarifier les choses et mettre les produits dans les cases. On notera le positionnement de Notes dans les outils de networking ce qui est finalement logique au vu de la version 9.0. Mais on en reparlera. Une clarification qui aidera autant le marché…que le vendeur.

Maintenant, au delà des slides, cela représente un vrai challenge pour l’éditeur.

Un challenge pour l’éditeur également

• Passer d’une liste de produits développés isolément et auxquels on a du peu à peu apprendre à partager des choses, exposer les contenus et traiter les informations les uns des autres à des produits conçus dès le départ pour fonctionner ensemble. Un chantier entamé depuis un certain temps et qui semble commencer à porter ses fruits.

• Intégrer chaque brique, notamment les nouvelles acquisitions. On pense notamment à Kenexa pour le workorce management et si des choses vont se passer en 2013 on fera un point d’étape pour juger sur pièce en 2013.

• Permettre de tout faire fonctionner en déploiement “on premise”, “Saas”, “Cloud privé”, “Cloud Public”, ” Hybride” (une partie cloud, une autre on premise). Cela demande un vrai travail de réécriture car a priori une application conçue pour tourner en mode “multi-tenant” n’a rien à voir avec son équivalent “single tenant” même si elles portent le même nom et incarnent deux manières de consommer un même produit. L’example type étant celui de Connections. Là encore on jugera sur pièce : si, comme annoncé, la version Saas de Connections devient enfin identique à la version on premise avant cet automne un grand pas aura été fait.

Ah..et j’oubliais un dernier point…la transformation des directions informatiques en intégrateurs de services social business. Nouvelle vision du schéma directeur, de l’urbanisation du SI, de leur rôle… Cela ne fait qu’avaliser une nécessité qui saute aux yeux de tous depuis plusieurs années. Mais ça ne veut pas dire que tout le monde est prêt.