On a parlé des nouveautés du produit de réseau social d’entreprise d’IBM sous l’angle produit, regardons maintenant ce que cela signifie quant aux démarches d’implémentation et de conduite du changement qui vont avec.
Comme je l’expliquais dans le billet précedemment cité ainsi qu’en parlant des applications intégrées, le nouvel activity stream de Connections représente une avancée fondamentale. Il permet en effet de ramener le social dans le travail et, après avoir cherché à connecter les individus entre eux et avec les informations de manière totalement déconnectée du flux de travail quotidien, le monde du réseau social voit ainsi émerger une nouvelle tendance qui consiste à connecter également (et surtout) les collaborateurs à leur travail. Ou leur permettre de valoriser le potentiel social dans le contexte de ce dernier.
Cela veut simplement dire qu’après s’être évertué, en vertu de la logique selon laquelle Social Business = Business + communautés hors flux de travail, à convaincre qu’il fallait aller discuter dans des communautés, dans un outil qui ne servait qu’à ça, isolé du reste de l’intranet, on va enfin pouvoir une approche permettant d’amener le collaborateur au social en partant de son flux de travail. En partant du plus petit dénominateur commun.
Partons d’un postulat qui ne doit pas être loin de la réalité. La proportion d’employés qui adhèrent naturellement à la proposition “les conversations dans les communautés nous permettent de nous enrichir mutuellement et je dois participer pour recevoir” doit être de 10%. Elle doit retomber à à la moitié lorsque, une fois l’engoument du départ passé chacun retourne lentement mais surement vers le centre de gravité de son espace de travail. A savoir email et outils métier. Quant aux autres qui pourraient occasionnellement découvrir le potentiel du dispositif ils n’ont pas l’occasion d’essayer tout simplement parce qu’ils sont “physiquement” ailleurs et n’ont que faire d’aller dans un énième outil découvrir ce qu’ils peuvent en tirer.
Si on ramène les flux métier et l’email dans le réseau social on ramène le centre de gravité du poste de travail dans l’outil. Ajoutez y les calendriers, la liste est complète. Cela ne changera rien pour les convaincus qui y trouveront, en plus, davantage de confort et de fluidité dans les usages. Quant aux autres ils seront “là”. Ce qui veut dire qu’une recherche pourra les amener sur un contenu ou un espace “social”. Qu’ils auront moins de mal à accepter une invitation à rejoindre une communauté parce qu’ils restent dans le même outil. Qu’ils découvriront au fil de l’eau des manières nouvelles de partager l’information et les documents.
En bref, au lieu de leur proposer le grand soir, on les invite à une série de petits matins.
Tout cela répond à une logique simple, évidente et implacable qui se résume en trois points.
1°) On ne devient jamais important, on ne change jamais rien si on est le 3e ou le 4e outil dans la hiérarchie des usages quotidiens.
2°) Si pour découvrir quelque chose ou sortir de sa zone de confort l’utilisateur doit faire plus de 2 clics et se ré-identifier il ne le fera pas.
3°) (et c’est le plus important) Rien ne sert de proposer un outil qui permet de faire des choses nouvelles si il ne permet pas de faire les anciennes au moins aussi bien que les anciens. C’est en négligeant les flux métier et l’email que nombre d’outils, même déployés à grande échelle, ne sont finalement que modéremment utilisés et que leur contribution au travail réel est finalement relativement faible.
Avec une telle approche il est donc envisageable non pas d’avoir 100% des salariés potentiellement utilisateurs (avoir accès mais ne pas utiliser) mais d’amener ses 100% à utiliser l’outil au quotidien. Car pour beaucoup, ainsi conçu, ce nouveau Connections est l’outil devant lequel on peut passer sa journée car il permet de faire la quasi totalité du travail. Voire la totalité avec le futur IBM Docs.
Dès lors l’approche va changer. En plus des recherches de cas d’usages “communautaires” on regardera également l’optimisation des échanges et actions dans les flux métier. Cette seconde partie permettant de ramener l’utilisation du mail et le traitement des événements métier dans le flux, faisant du réseau social le centre de la vie quotidienne car il permet, avec les applications intégrées, de traiter les choses plus efficacement qu’avec l’email.
Mais tout cela n’est pas encore une utilisation “sociale” de l’outil pour tous. Non. On amènera simplement tout le monde dans la plateforme sociale d’où il est plus facile de provoquer des glissements progressifs vers de nouvelles fonctionnalités, outils et comportements car ils seront sous les yeux de l’utilisateur, accessibles en un clic, et que les “nouvelles” pratiques des uns feront ainsi plus rapidement tâche d’huile.
Plus facile à vendre aux managers également. Au départ on accélère le traitement du flux de travail en changeant d’outil. Et ça leur ira très bien. Il sera alors plus simple de construire le reste sur cette base une fois qu’on aura au moins provoqué un glissement dans l’environnement de travail.
Il sera donc, au final, beaucoup plus simple de faire de Connections 4.0 le centre de la journée du collaborateur. Les “naturellement sociaux” exploiteront d’emblée le reste du poentiel de l’outil tandis que, pour les autres, il faudra trouver des mécanismes pour les faire “glisser” lentement tout en se servant des premièrs pour les “attirer” vers leurs usages à eux.
Je ne dis pas que ça sera une partie de plaisir. Simplement que ça sera beaucoup moins compliqué qu’avant et que la valeur perçue et réelle pour l’entreprise et les collaborateurs sera beaucoup plus évidente.
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